De l’intérêt des vidéos pédagogiques
Première approche : études et statistiques
Les usages vidéo des jeunes : quels intérêts pédagogiques ?
Le texte complet d’où sont extraits les passages qui suivent est disponible sur https://www.reseau-canope.fr/agence-des-usages/les-usages-video-des-jeunes-quels-interets-pedagogiques.html
Auteur : Séraphin Alava – Professeur en Sciences de l’éducation – Université Toulouse Jean-Jaurès – UME Education Formation Travail – Savoirs
date de publication : 04/11/2015
Au moment où les enseignements scolaires et les plateformes en ligne utilisent de plus en plus le support vidéo (Mooc), il semble nécessaire de faire le point sur les apports de la recherche en matière d’utilisation de la vidéo en éducation. A travers une analyse critique des recherches européennes sur les utilisations des médias et images numériques à vocation pédagogique, l’article montre les évolutions des pratiques vidéastes des jeunes et propose une typologie de ces usages. L’article montre ensuite les pratiques pédagogiques induites par ces évolutions à travers les usages des nouveaux écrans connectés.
Le « contexte écrans » des jeunes
Les jeunes sont des habitants assidus de ce cyberespace où les langages se recontextualisent et où le rapport aux médias et aux images est transformé. La consommation et la création de vidéos est une des caractéristiques fortes des usages numériques adolescents. En effet, le média privilégié par les jeunes pour leurs loisirs, voire pour leurs recherches d’informations, est la vidéo et ils utilisent abondamment les plateformes vidéo grand public.
La connexion des sites avec les réseaux sociaux transforme alors le rapport passif que nous pouvions développer face à la télévision. A l’époque des écrans connectés, des Web TV, des tablettes et des smartphones, 65 % des jeunes collégiens développent des pratiques vidéastes (création de vidéos) et 82 % des lycéens ont déjà réalisé et posté une vidéo sur un réseau social (Observatoire des réseaux sociaux 2013 – Ifop). Ils construisent hors de la classe des compétences numériques (Alava, 2013) et cela n’est pas sans conséquence positive ou négative pour l’école.
Les pratiques de production vidéo des jeunes
Les jeunes de 12 à 18 ans développent des usages autonomes de la vidéo. Ce support est devenu pour eux un support de consommation médiatique usuel et un support de communication. La cyberculture a favorisé une explosion créatrice chez les jeunes de 12 à 18 ans : blogs, chaînes vidéo, posts vidéo.
Le phénomène des « Youtubeurs » (jeunes investissant les sites de diffusion de vidéos pour produire et diffuser des séquences vidéo) est sur ce point remarquable.
Une enquête récente sur les pratiques vidéastes réalisée auprès des lycéens et des collégiens de Midi-Pyrénées par questionnaires (Alava & Ibrahim, 2014) a permis de recenser 7 pratiques particulièrement intéressantes pour leurs aspects culturels et pédagogiques. Ces résultats ont été mis en relation avec des études américaines sur les usages vidéastes pour produire cette échelle des pratiques (Harris Interactive et Teenage Research Unlimited, 2012).
- Les pratiques d’éducation non formelles en ligne : on place dans cette catégorie les différentes vidéos visant à enseigner ou transmettre une méthode ou technique en ligne.
- Nous incluons dans cette catégorie les pratiques de « How to » ou Tutoriels qui consistent à produire une vidéo explicative, souvent courte, décrivant comment réaliser certaines tâches techniques ou des astuces.
- Dans cette même catégorie, nous plaçons le phénomène du « YouTubing» qui consiste à réaliser en ligne des séquences complètes pédagogiques sur une pratique (se maquiller, s’habiller, se relooker, etc.).
- Les pratiques d’expression et d’écriture personnelle : on place dans cette catégorie les formes vidéos les plus intimes permettant à des jeunes de raconter leur vie, de s’exprimer, voire de faire des confidences intimes.
- La première forme la plus connue est le « Scrapbooking» qui consiste en la réalisation d’un journal intime d’images et de vidéos. Ce type de vidéos est aujourd’hui concurrencé par le « Draw my life » qui consiste à filmer une séance où le jeune raconte sa vie en dessinant.
- Enfin, la forme la plus intime est sûrement le « Coming-out online » qui consiste en la diffusion d’une vidéo de déclaration ou confession personnelle et qui permet aux jeunes de faire confidence publiquement de situations intimes ou d’émotions qui les gênent.
- Les pratiques de création artistique : on place ici les deux pratiques les plus connues :
- le « Standup online » qui consiste en une création de vidéos très souvent humoristiques, tournées dans une pièce de la maison, dans lesquelles un personnage seul en scène déroule un sketch
- et le « Stop motion » qui consiste en la réalisation de vidéos à partir d’éléments de jeux, de figurines, ou de photos, figurant un scénario original ou rejouant une scène ou un film entier.
Quelle place pour la vidéo dans l’enseignement et la culture scolaire ?
Quand on souhaite examiner la place que peut prendre la vidéo comme support d’apprentissage ou activité de communication et d’expression, la première des préoccupations doit d’abord être de penser à la dimension éducative de cette relation.
En 2012, Karsenti et ses collègues de l’Université de Montréal publient les résultats d’une enquête auprès de 2 712 élèves de 10 à 17 ans sur les effets des pédagogies utilisant des TIC et la vidéo en classe en situation scolaire. Les travaux de ces auteurs confirment que l’usage raisonné de la vidéo en classe en situation de visionnement améliore la capacité des élèves à visualiser un phénomène et à mémoriser les différentes phases des situations d’apprentissage.
Les élèves développent une activité cognitive durant la lecture de supports vidéo qui renforce les mémorisations et les processus de résolution de problème.
Les TIC et les supports vidéos et multimédia ont un effet positif sur l’accès à l’information et aux ressources éducatives, tant pour les élèves que pour les enseignants. Il montre aussi à partir d’une enquête par questionnaire que les élèves sont plus motivés mais aussi plus réactifs face aux apprentissages en situation d’utilisation de ces médias (TIC et vidéos). Cette activité scolaire multimédia est un bon levier de mémorisation.
Les élèves mémorisent généralement :
- 10 % de ce qu’ils lisent ;
- 20 % de ce qu’ils entendent ;
- 30 % de ce qu’ils voient ;
- 50 % de ce qu’ils voient et entendent.
Dans un suivi longitudinal (2009-2012) d’un groupe d’étudiants âgés de 18 à 26 ans en Sciences, technologie, sciences de l’ingénieur et mathématiques (STEM), Willmot de l’Université de Loughborough, et al. (2012) montrent qu’il y a un effet mesurable (corrélation) entre l’utilisation en formation de la vidéo numérique et :
- l’augmentation de la motivation des élèves ;
- l’amélioration de l’expérience d’apprentissage ;
- l’obtention de notes plus élevées ;
- l’apparition d’un potentiel de développement permettant un apprentissage plus approfondi du sujet ;
- le développement de l’autonomie de l’apprenant.
Deuxième approche : psychologie cognitive
Franck Amadieu, professeur en psychologie cognitive que vous pourrez découvrir dans cette vidéo, a participé à la VIIème Convention Pédagogique du Groupe IGS.
Sur la plateforme EMA du Groupe IGS, dans la séquence consacrée aux actes de la VIIème convention, vous pourrez visionner 7 vidéos produites par le Groupe IGS, qui exposent les principales questions sur lesquelles Franck Amadieu a travaillé et obtenu des réponses.
Le résumé de ce que Franck Amadieu a transmis aux formateurs présents à la convention :
- Les vidéos doivent être courtes pour être facilement revues, au ralenti si besoin.
- Ne traiter qu’un seul sujet par vidéo.
- Enregistrer un cours en continu ne suffit pas : l’enregistrement doit être retravaillé, séquencé, illustré…
- Le cerveau ne peut recevoir qu’une information à la fois. Aussi une information à lire ne doit pas être superposée à une information à entendre.
- En insérant des silences, ou en maintenant longtemps un visuel, il est très productif de faire appel aux deux canaux d’écoute : le son et l’image.
- Certains étudiants se débrouillent très bien, prennent des notes, se sentent libres de revenir en arrière et de réécouter; d’autres non : ils se bloquent en mode spectateur passif. Aussi, ils doivent être accompagnés et stimulés pour tirer partie des vidéos que vous aurez mises à leur disposition.
Conclusion
Lancez-vous !
Le Groupe IGS met à votre disposition les outils, les formations et les accompagnements qui vous permettront de produire sur ce formidable support.
Les vidéos pédagogiques sont une des activités que vous proposerez. Elles seront disponibles à vos apprenants sur les parcours EMA/Moodle que vous aurez conçus pour les enseignements dont vous avez la charge.
Contactez les DTICE du Groupe IGS