Stimuler l’intelligence collective – Sophie Poiri / Formatrice Toulouse
Sophie POIRI est intervenue lors de la convention pédagogique 2017. Elle animait un atelier découverte pour vivre et ressentir le plaisir de faire ensemble
Sophie POIRI, id&d, une autre idée du développement durable
Elle privilégie l’intelligence collective et les approches collaboratives (formation action, groupes de co développement, implication des parties prenantes, co construction chemin faisant, ateliers de travail participatifs…) comme principaux leviers dans les processus de changement. Sophie s’appuie sur des pédagogies participatives et des techniques d’animation créatives. Nous lui avons demandé de nous écrire quelques lignes pour nous présenter sa démarche.
L’atelier Intelligence Collective, un apprentissage expérientiel
L’objectif de l’atelier est de comprendre le processus d’intelligence collective à travers une mise en situation, une expérience concrète qui va interpeler, amener un questionnement et une observation réflexive.
Les activités proposées sont toutes ludiques. Elles sont amenées de façon progressive, des plus simples, comme par exemple le photo langage pour partager les perceptions de chacun sur l’intelligence collective, ou bien le crayon coopératif à dix mains, aux activités moins aisées et plus longues comme « mon morceau, ton morceau » ou « les yeux fermés ».
Les premières activités amènent de la curiosité, du plaisir, des sourires voire de franches rigolades. Au fur et à mesure des différentes consignes données pour les exercices, les mises en situation peuvent devenir source d’un relatif inconfort. Après chaque séquence, ces ressentis sont partagés et alimentent les échanges entre pairs sur ce qui se passe dans le groupe en termes de : communication explicite / implicite, écoute, équité de la parole, implication ou non des participants, animation, leadership, dimension individuelle/dimension collective, rapport à l’incertitude et au flou, relation à la production attendue, temps de concertation et de préparation, régulation, difficultés…
Premières perceptions des participants
En tout début d’atelier chacun se présente et à partir d’une photo, évoque ce que l’intelligence collective représente pour lui. Dans ces différentes réponses, il est question de :
- Talents et d’entraide: « je commence à devenir bon quand je mets en valeur les autres » ; « ensemble on va plus loin » ; « foisonnement d’idées »;
- Légitimité : « on crée tous ensemble ; chacun avec ce qu’il est » ;
- Différences en termes d’âges, d’intelligence, de culture, d’éducation… : « le mixage est nécessaire pour sortir un beau diamant »;
- Écoute et partage : « il faut savoir s’écouter, accepter de partager »;
- Bienveillance envers soi et envers les autres : « j’ai besoin d’être bien avant d’aller dans le collectif », « on fait des choses grâce à la bienveillance »;
- Confiance, présence et émotions : « ça passe par l’émotion et la joie de vivre, c’est constructif », « il faut être là avec toutes ses émotions et ses connexions »;
- Interrelation : « on a l’impression d’être seul mais on est relié » ; « les arbres évoluent et vivent car ils sont reliés » ; « ça dépasse l’humain et concerne la nature ».
Ce « cadrage notionnel » sous la forme d’un premier échange collectif permet petit à petit et ensemble de partager le même vocabulaire, d’élaborer une définition partagée et d’élargir ses perceptions.
Les ingrédients nécessaires à l’émergence de l’intelligence collective
Ensuite et au fur et à mesure des exercices ludiques et des échanges, les participants évoquent progressivement les conditions nécessaires à l’émergence de l’intelligence collective du groupe. Ces éléments clés contribuent à instaurer la confiance : ils favorisent le partage, la compréhension et l’acceptation des différences,
l’authenticité et la bienveillance ainsi que le respect des uns et des autres.
Figure 1 : ingrédients à réunir pour faire émerger l’intelligence collective au sein d’un collectif
A cela, il convient de préciser que le partage collectif d’enjeux, visions et objectifs communs contribuent également à créer de l’engagement et à amener de la cohésion dans le groupe.
En cela, les techniques d’animation créatives peuvent avoir une valeur ajoutée pertinente.
L’animation de l’atelier : une posture de facilitation
L’animatrice a un rôle de facilitation auprès du groupe. Elle pose un cadre sécurisant et bienveillant qui favorise la mise en confiance des participants : en se présentant tout d’abord, en partageant les finalités et le déroulement de l’atelier, en faisant valider les règles. Tout au long, elle reste garante de ce cadre et des règles de fonctionnement du groupe. Il est à noter, qu’une fois les règles affichées, il n’a pas été nécessaire de les rappeler, comme si elles étaient implicitement intégrées par chacun.
Comme dans le codéveloppement professionnel ou la médiation, la facilitatrice est la plupart du temps en « posture basse », autrement dit en écoute active, attentive à la communication non verbale de chacun, au processus, à ce qui se joue. Elle veille à laisser tout l’espace à chaque personne et au collectif, elle est confiante dans les ressources du groupe. En cas de doute ou de difficulté et en toute humilité, elle s’appuie sur ce dernier pour faire émerger des propositions. Elle est également vigilante sur son ressenti.
Figure 2 : règles partagées en début d’atelier
L’atelier a permis des échanges riches et des partages authentiques dans un climat bienveillant et ludique. Il nous renvoie à nos savoir-être et notre capacité à savoir faire ensemble, compétence indispensable à développer aujourd’hui pour évoluer dans un environnement de plus en plus complexe.